dimanche 6 octobre 2013

Combien pesait ma peine

Si je sais bien qu'on ne doit pas s'attacher à ses patients je n'ai pas réussi à chasser de mes pensées la vision de ce tout petit dos violet, violet d'hurler de pleurer de supplier à sa façon qu'on arrête de l'emmerder avec nos examens, ce tout petit dos de ce tout petit garçon qui n'avait rien demandé d'autre que de naître et qui s'est retrouvé branché à bien plus de fils qu'il n'avait d'heures.

Si je sais que c'est moi l'enfant et elle la mère je ne peux pas rejeter complètement ce rôle qu'elle me demande d'endosser pour la rassurer protéger, être celle qui explique et qui sait alors que je ne sais r-i-e-n. Et que j'ai peur, moi aussi. Quand elle pleure à table et que je voudrais crier je lui dis doucement tous les arguments que j'invente à mesure pour la convaincre que non non, la maladie ne revient pas. Mais je n'en sais r-i-e-n.  

Si je sais qu'il m'aime, si il l'a dit, à quoi bon s'aimer si on ne peut pas imaginer un lendemain un tout petit peu plus loin sous prétexte qu'on n'a que vingt-trois ans ? Ça compte pour du faux, l'amour, à vingt-trois ans ? 

Parfois, le chocolat chaud à l'amande ne suffit plus au dimanche après midi. 

7 commentaires:

  1. Je t'envoie un câlin et mes pensées. Le chagrin du dimanche ne présage pas une semaine tristoune, heureusement.

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  2. Oh, ma biche! Tu ne sais pas rien, ça c'est sûr. La bienveillance ou l'amour dont tu entoures ces personnes, ça tu sais le faire et ça c'est immensément précieux. Je trouve que c'est quelque chose qui se perd la bienveillance, alors que c'est fondamental.
    Quand à celui qui ne sait pas se projeter... que te dire? Qu'il a peur, comme beaucoup de garçons. J'espère qu'il comprendra que se projeter c'est vivre. Et que, oui, il faut prendre des risques, parce que c'est ça aussi vivre : faire des paris fous sur l'avenir.
    Je ne remplacerai pas le chocolat à l'amande mais je t'embrasse bien fort.

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  3. A défaut de savoir, espérer c'est déjà pas si mal... et rêver les yeux ouverts, ça permet de continuer d'avancer, de conjuguer au futur, les pieds sur terre et les yeux tournés vers les étoiles, même si il y a mille chemins qui s'ouvrent à toi, à vous.

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  4. alors souviens toi combien tu brilles... :)

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  5. Quelque soit l'age on n'aime jamais pour du faux.
    Le problème c'est qu'aucun couple ne peut s'aimer pour toujours, ou du moins aucun ne peut être certain de s'aimer pour toujours ! Alors s'empêcher d’avancer pour cela à 23 ans n'a pas de sens, pas plus que cela aura de sens de le faire à 35 ou 56 ans, car la problématique sera toujours la même . Elle ne changera pas avec l'age...

    Pour la néonat.... J'ai pas les mots, mais il me reste ma tendresse ...Pour toi, pour eux !

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  6. Qu'en sait-on si on aimera toujours, l'essentiel n'est-il pas de s'aimer chaque jour de toutes ses forces, comme s'il n'y avait pas de demain?

    Plus on grandit moins on sait, ça ne doit pas te rassurer, mais... si on y prend garde, le coeur, lui, grandit. Ca vaut pour l'amour des garçons comme pour l'amour des mamans. Pour les bébés aussi, mais des fois ça ne suffit malheureusement pas. Grandir c'est l'accepter, aussi injuste que cela soit.

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  7. Haut les coeurs ! J'espère que ça va déjà mieux.
    Mon petit garçon a fait un (heureusement très très court) passage en néonat donc merci de faire partie de celles et ceux qui accompagnent ce moment si difficile pour les parents. Je ne les ai pas oubliés 2 ans après...
    Et pour l'amour...
    "Love, I don't know
    Nothing about love, you know
    Hold me till the day is done
    All night long let's have some fun"

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