vendredi 1 novembre 2013

Des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse

C'est à chaque fois un peu plus difficile de le laisser tourner les talons une fois arrivés devant la porte de chez moi en rentrant de quelques jours en amoureux. Son dos qui trouve naturellement sa place tout contre le creux de mon ventre, ma bouche dans le bas de son cou si chaud, nos mains qui se serrent fort au moment de sombrer dans le sommeil pour essayer de retenir les cauchemars qui m'assaillent souvent la nuit me manquent quand je retrouve mes draps froids. Les retours à Paris sous la pluie sentent le réveil qui sonne avant le lever du jour et il n'est pas là pour sourire à mes yeux qui émergent péniblement, pas là pour recueillir mes larmes quand je ne comprends plus rien, ne retiens plus rien, ne veut plus rien faire ou tout laisser derrière moi, pas là pour le thé de dix-sept heure qu'il me réclame désormais. & le thé toute seule, ça a moins de saveur vous en conviendrez, et les joues rouges de froid ça n'a pas d'intérêt si ce n'est de se les faire embrasser. 
Cette nuit j'ai fait un de ces rêves immense, de ceux qui durent toute la nuit et entourent la tête de brouillard au réveil. J'étais enceinte et dans un couloir d'hôpital peint en jaune beurre, mon enfant à naître devait être une fille mais s'avérait finalement être un garçon appelé Théo parce que je ne connaissais aucun autre prénom, je l'emmenais dans une immense maison mais un homme recouvrait son tout petit visage de linges rouges pour qu'il dorme et il ne respirait plus quand je le découvrais. Je crois que j'ai peur de lire les prénoms sur la feuille du staff de lundi matin, quand je retrouverai le service chaud et sombre de réanimation. Je voudrais que tous les disparus des petites couveuses aient retrouvé les bras de leurs parents mais je sais malgré moi que parfois la vie ne retient pas ceux dont la main fait la taille de la première phalange de mon pouce. Alors je (me) raconte des jolies histoires d'étoiles, d'enfants qui en accueillent d'autres loin de ces services où leur cœur a cessé de battre. Cette semaine une toute petite fille de cinq ans les a rejoint, avec son crâne chauve et ses paillettes plein les yeux. C'est un peu pour elle que demain je vais me replonger dans les livres, pour un jour pouvoir dire à un autre petit enfant que son cœur ne s'arrêtera pas dans un service d'oncopédiatrie, pas cette fois, qu'il s'arrêtera de battre dans mille ans, au moins. 
De mes draps froids j'entends la pluie fouetter contre la vitre les feuilles de la vigne vierge, hello november



6 commentaires:

  1. Et puis novembre, hein, le mois de la mélancolie, le mois honni.
    J'espère que vos vacances furent bonnes.
    Les draps froids et les joues rouges sans baisers, c'est nul, je sais. Mais la chaleur et les lèvres aimées ne sont pas loin.
    Bises

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  2. Ca ne doit pas être simple de travailler dans un service d'enfants malades, mais en tout cas je trouve courageux de vouloir faire ce magnifique métier. Et surtout se concentrer sur les situations qui s'arrangent, comme j'ai pu le faire dans mes stages au sein de services sociaux où parfois j'ai pu rencontrer des enfants très malheureux! Bon courage et penses aux prochaines vacances!

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  3. Ma fille va avoir 5 ans alors forcément j'ai les larmes aux yeux à la lecture de la fin de ton post. Dieu que ça doit être difficile d'accompagner ces si petits. J'espère que la majorité rejoindront les bras de leurs parents.

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  4. Les tartelettes aux pralines réconcilient avec la vie...

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  5. Il est très rassurant de savoir qu'une personne qui écrit de si jolis mots que toi va devenir médecin et accompagner ceux qui ont besoin de soins.

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  6. 5 ans l'age de mon fils ...... ton billet me fait pleurer.

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