mardi 19 mars 2013

Et là y'a un coeur dessiné au stylo bille

Je tire mes rideaux les yeux à peine ouverts et, enfin, un rayon de soleil. Alors on dirait que c'est l'été, et la radio qui parle de pluie sur toute la France aujourd'hui, je ne l'écoute pas. Je saute à pieds joints les dernières marches de l'escalier, j'enfile mon snoodàpetitespaillettes et j'essaye d'attraper le bus. J'aime bien être mélangée à ces gens qui partent travailler si tôt le matin, oui, si tôt beaucoup trop tôt, et je m'amuse à leur imaginer des vies - le grand monsieur qui fait éclater de rire le tout petit bébé et qui garde le sourire aux lèvres jusqu'à son arrêt, cette dame très chic et trop maigre que je croise souvent, le monsieur roux aux toutes petites lunettes est ce qu'il est marié ?, la fille qui s'est maquillée en deux temps trois mouvements en face de moi et que j'observais fascinée par sa dextérité. 
Dans la journée on me sourit, on me dit merci et je m'en étonne, et je m'étonne d'être étonnée. J'ai déjà laissé derrière moi quelques idéaux sur l'hôpital et je n'en attends plus autant des gens qui m'encadrent, je prends simplement ce qu'ils veulent bien me donner. A l'hôpital et dans la vie, d'ailleurs. J'aimerais tellement enlever cette idée qui revient si souvent, trop souvent, qu'on ne m'aime pas. Mais elle reste bien accrochée, au creux du coeur et me dicte ne t'accroche pas n'en demande pas trop tu vois elle ne t'aime plus et c'est normal arrête d'esperer une réponse ça ne viendra pas, plus. 
Quand le service se vide c'est le moment de raccrocher ma blouse au porte manteau et de retrouver mes baskets. J'aime rentrer chez moi et savoir qu'il sera là, je ne sais pas à quel moment mais après tout, est ce que c'est si important maintenant ? Il me propose un restaurant surprise et des massages illimités pour se faire pardonner, et je ne peux que lui sourire, évidemment, parce que je crois que je n'ai jamais réussi à lui en vouloir pour de vrai, à 10, jamais. On se serre, on se colle, et je crois qu'on avance l'un à côté de l'autre pour la première fois même si bien sur il y a quelques faux pas. J'aime rentrer et savoir que je vais me retrouver, aussi, et ça c'est nouveau. La tisane dans mon lit, les deux oreillers pour moi et le bain chaud, même si dans l'eau je ne peux m'empêcher de scruter les courbures et les arrondis que je voudrais gommer, estomper un peu. Alors je fais des comptes dans ma tête, ça mouline, et je finis toujours par oublier, jusqu'au prochain bain.

L'autre jour au lieu d'aller en consultation on a grimpé au sommet de l'hôpital depuis lequel on voyait tout Paris, La Défense-Montmartre-Tour Eiffel-Tour Montparnasse, il faisait beau et les toits étaient encore recouverts de neige, et je me suis dit que je ne m'en lasserai jamais, jamais. Tant que je me réjouirai à l'idée de prendre la ligne 6, tant que j'aurai le sourire aux oreilles quand la rame sort du tunnel et qu'on découvre la Seine, tant qu'aligner des pas sur les quais me gonfle le coeur, tant que je me sens bien, ici. 


3 commentaires:

  1. Ne t'étonne pas de la gentillesse des gens à ton égard, parce que, oui, tu es "aimable" miss Pouic. Tu l'es vraiment.

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  2. Il y a un très vulgaire "putain" qui m'a échappé en lisant tes mots, parce que phrase après phrase, je m'y suis reconnue au point d'en être troublée.
    Voir mon nom apparaître en haut à droite me fait infiniment plaisir, moi qui te suis depuis le tout début de ce blog je crois.

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    1. & à moi ce qui fait infiniment plaisir c'est de savoir que quelqu'un était là depuis le début, et est resté...

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