dimanche 31 janvier 2016

A ceux que le silence rend fou

Le dimanche soir est encore un peu plus douloureux quand il commence par deux heures de voiture sous la pluie, le long de cet autoroute qui m'éloigne de chez moi. Sur le chemin je croise l'hôpital où j'avais passé les trois mois les plus chouettes de mon externat, et ça me semble être il y a un million d'années. Je le salue, eh merci pour ces jolis moments, et je me souviens que le ciel y était rose le matin, comme ici. Ce chez moi à géométrie variable, qui semble toujours être là où je ne suis pas. Ce chez moi que je ne sais plus bien définir, oscille furieusement entre l'appartement que j'essaie d'habiter et la maison où il n'y a plus d'affaire mais bien tous mes souvenirs. Merde, j'ai laissé mon mascara chez moi (à l'appartement) / ce week-end je rentre chez moi (à la maison) / on se retrouve ce soir chez toi ? (et là, je ne sais plus). Sémantique compliquée de l'entre deux rives.  

Un autre dimanche on est allées à la mer avec ma copine-d'ici. Dans la voiture elle avait choisi le CD de Céline Dion et j'ai pensé que j'avais drôlement de chance d'être tombée sur elle (en plus du fait qu'elle m'apporte des cornichons pour égayer mes nuits de garde) (ce qui fait d'elle une personne vraiment précieuse). Au bout de la plage il y avait un coucher de soleil comme on n'en avait jamais vu, un de ceux qu'on voudrait montrer à tous ceux qu'on aime pour leur dire, eh t'as vu ? si une chose si belle existe alors ça va, forcément, ça va !, et on faisait mille photos loupées avec nos téléphones qui rendaient tout bleu ou tout orange, quand on vieux monsieur à vélo est passé et nous a dit "Profitez en bien, ça fait un mois qu'on n'a pas vu cette lumière !". Et puis, comme il l'avait prédit, on a conduit le retour sous des trombes de pluie. 

Un soir où il était là, j'ai profité de sa main dans la mienne pour trouver une nouvelle fois le cran de rendre indélébile cette rancœur subtile que je voudrais transformer en force. Juste au bout de mes doigts il y a cette petite barre qui veut dire free as a bird, comme on l'avait décidé il y a un an et demi. Cette fois ci s'est faite sans douleur, j'ai décidé de le prendre comme un signe. Tout passe.